Un ancien étudiant aujourd'hui spécialiste des chauves-souris au Chili
Publié le 09 Avril 2015
Gonzalo Ossa a monté l’une des premières entreprises chiliennes spécialisées dans l’étude de la chiropterofaune.
Après des études au Muséum, Gonzalo Ossa est revenu au Chili créer
son entreprise (ConserBat EIRL) spécialisée dans l’étude des
chauves-souris, une des premières et des plus connues du pays. Il a
notamment étudié l’impact des aérogénérateurs des parcs éoliques sur
cette espèce. Chercheur indépendant, il est également le représentant
officiel de producteurs de détecteurs d´ultrasons pour l’étude des
chauves-souris et donne des cours à des professionnels sur les méthodes
d’étude des chauves-souris.
Suivez son travail sur son site : conserbat-chile.blogspot.com/
Suivez son travail sur son site : conserbat-chile.blogspot.com/
Au contact des chauves-souris
Je fais des études sur le terrain focalisées sur la chiropterofaune, en accord avec le système d’évaluation d’impacts du gouvernement chilien pour le développement de projets énergétiques. Au moyen de la bioacoustique et de la capture d'individus, je détermine les espèces présentes sur le site et l’impact que pourrait avoir sur elles la réalisation du projet. Je propose enfin aux entreprises d’établir des mesures de mitigation en conséquence.
Première capture de Histiotus laephotis au Chili
Travailler avec des chauves-souris n'est pas facile, c'est un travail de nuit qui nécessite des matériaux et des équipements couteux, avec des espèces cryptiques très difficiles à capturer. L’hiver dernier, dans la région de Tarapaca où l’on faisait une étude pour déterminer la diversité des chauves-souris dans la réserve nationale Pampa del Tamarugal, au milieu du dessert d’Atacama, on a utilisé des filets pour capturer les spécimens et on est tombé sur un oreillard assez diffèrent de ceux qu’on connaissait dans la région. On a pris des photos et on les a envoyées aux spécialistes en Amérique du Sud pour l’identifier, et il se trouve que c’était une nouvelle espèce de chauve-souris pour le Chili, Histiotus laephotis, un oreillard natif de l’altiplano Bolivien qui n’avait jamais été capturé au Chili.
Ses études au Muséum
J’ai choisi la formation au Muséum car j’ai depuis toujours eu une grande passion pour la faune et les collections, et pour moi ce fut très intéressant de pouvoir connaitre les collections du musée. De plus la qualité de la formation et la réputation des institutions participantes a été un plus pour pouvoir postuler à une bourse d’études chilienne. Enormément de souvenirs ressortent aujourd’hui, quand je suis sur le terrain, quand je dois faire des analyses, quand je capture des espèces peu connues de chauves-souris… ça me donne envie de les envoyer au MNHN de Paris.
Prenez tous les cours intensifs d’étude sur le terrain et profitez de visiter les collections du musée. Pour ma part, les cours intensifs faits sur le terrain (notamment à la forêt de Paimpont) sont ce qui m’a été le plus utile.
Son retour au chili
Quand je suis arrivé au Chili, je n’avais pas trop de contacts et j’avais essentiellement envie de faire de la recherche. Je voulais travailler dans la conservation de la faune, spécifiquement sur les chauves- souris, mais c’était difficile de s’insérer dans un laboratoire sans un diplôme de doctorat. J’ai donc finalement décidé de créer ma propre entreprise et de faire de la recherche pour mon compte en parallèle.
Un bon conseil je crois, est de faire quelque chose d’innovant, de créer sa propre entreprise, de se spécialiser (je suis une des rares personnes au Chili qui étudient les chauves-souris). J’ai eu la chance d’étudier en France, et d’observer comment les choses fonctionnent là-bas, et je suis revenu au Chili plein d’idées nouvelles à mettre en place ici.
Un des seuls spécialistes du pays
Il y a très peu de chercheurs qui travaillent sur les chauves-souris au Chili, il en découle un manque de connaissance assez important sur l’écologie de ce groupe d’espèces. Souvent je travaille dans des endroits assez inexplorés, par exemple dans la cordillère des Andes ou dans l’extrême nord du pays, avec des détecteurs à ultrasons, et au moment d’analyser les fichiers audio je trouve des vocalisations qui n’appartenaient a aucune des espèces décrites… et ça reste un mystère. Il faudra beaucoup de recherche au Chili pour arriver à une connaissance assez complète comme on en trouve en France ou en Europe en général.
Photos : Gonzalo Ossa